Twitter suspend des dizaines de comptes suivant les jets privés de milliardaires, dont celui d’Elon Musk


Twitter a pris la décision, mercredi 14 décembre, de suspendre de façon permanente plusieurs dizaines de comptes automatisés (« bots ») qui publiaient en temps réel la géolocalisation des jets privés de plusieurs milliardaires, dont celui du nouveau propriétaire du réseau social, Elon Musk, et ce malgré sa promesse passée de ne pas y toucher.

Une première fois suspendu en début de journée, le compte @elonjet a ensuite été rétabli temporairement, avant d’être finalement de nouveau suspendu dans la soirée. Créé par Jack Sweeney, un étudiant américain de 20 ans, il était suivi par plus d’un demi-million de personnes et constituait la figure de proue du « flight tracking », cette pratique consistant à suivre en temps réel ou à retracer les déplacements des avions et jets privés à partir des signaux qu’ils transmettent publiquement. Une technique particulièrement utilisée ces derniers mois par les militants écologistes pour dénoncer le bilan carbone désastreux des grandes fortunes, à l’image, en France, des comptes @i_fly_Bernard et @laviondebernard, qui, eux, sont toujours en ligne.

La trentaine d’autres « bots » créés par Jack Sweeney, qui suivaient par exemple les avions de Mark Zuckerberg, Jeff Bezos ou Bill Gates, ont également été suspendus. De même que son compte personnel.

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De nouvelles règles sur le « doxing »

Chantre autoproclamé de la liberté d’expression, Elon Musk a justifié dans la soirée cette décision de bannir ces comptes qui se faisaient pourtant l’écho d’informations déjà publiques. « Poster la position géographique de quelqu’un en temps réel viole le règlement sur le doxing, mais le mettre en ligne en différé est autorisé », a-t-il ainsi précisé mercredi. Le terme « doxing » signifie divulguer publiquement, sur Internet le plus souvent, des informations personnelles relatives à un individu, sans son accord. Dans la foulée, le réseau social a mis à jour ses conditions d’utilisation pour les mettre en conformité avec ces nouvelles directives.

M. Musk a également affirmé plus tard dans un tweet son intention de porter plainte contre Jack Sweeney et les autres « organisations cherchant à nuire à sa famille ». Selon l’homme d’affaires, un homme a récemment bloqué la voiture qui transportait l’un de ses enfants, montant sur le capot du véhicule. M. Musk ne s’est pas étendu sur le lien qu’il y avait, selon lui, entre les deux affaires.

Pour Jack Sweeney, c’est en tout cas l’épilogue d’une longue histoire avec le patron de SpaceX. Ce dernier avait tenté par le passé de le convaincre de fermer son compte @elonjet moyennant la somme de 5 000 dollars, ce qu’il avait refusé de faire. Ces derniers jours, le jeune développeur avait accusé M. Musk, avec qui le contact était rompu, d’avoir ordonné que la visibilité du « bot » soit réduite, sans prévenir son propriétaire – une pratique connue sous le nom de « shadow banning ».

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Une politique de modération fluctuante

Depuis son arrivée à la tête de la plate-forme, le multimilliardaire a envoyé des messages contradictoires sur ce qui y est dorénavant autorisé ou non. « Il fait l’exact opposé de ce qu’il a dit qu’il ferait », regrette ainsi Jack Sweeney auprès de l’agence Associated Press.

Fervent défenseur d’une grande liberté d’expression – tant que les propos respectent la loi –, il a rétabli des comptes auparavant bannis par le réseau social, dont celui de Donald Trump. Mais il a aussi suspendu celui de Kanye « Ye » West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites, et refusé le retour sur la plate-forme du complotiste d’extrême droite Alex Jones.

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Elon Musk a par ailleurs promu ces derniers jours la publication de plusieurs séries de « Twitter Files », des documents internes censés illustrer des pratiques de modération discutables sous la précédente direction. Il a aussi attaqué personnellement l’ancien responsable de la sûreté de Twitter, Yoel Roth, qui a par la suite dû quitter son domicile pour des raisons de sécurité, selon des médias américains.

Le Monde avec AP et AFP



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